Falcon Guardian

L'avion de surveillance maritime à moyenne distance Guardian est très apprécié tant pour sa fiabilité que pour son confort.

Origines et contexte

En juillet 1971, l’United States Coast Guard lance le programme HX-XX MRS (Medium Range Surveillance) de remplacement de ses hydravions Grumann HU-16E Albatross. L’appareil doit pouvoir remplir des missions de recherche, de surveillance, de sauvetage et de protection de l’environnement le long des côtes et au-dessus des zones maritimes sous son administration.


Falcon Guardian

Avec le Falcon 20 G, une version du Falcon 20 F sur laquelle les réacteurs General Electric CF 700-2D sont remplacés par des Garrett ATF-3-6 à double flux, Dassault propose un appareil susceptible de répondre aux exigences des Coast Guard.
L’avion était au stade de projet depuis que Dassault l’avait étudié en 1969. Certains aménagements ont été réalisés afin de satisfaire les besoins des garde-côtes en matière de systèmes et instruments.

Les adaptations ont porté sur :

  • les équipements de sauvetage en cabine,
  • une radiobalise largable,
  • l’installation d’une caméra,
  • des réservoirs supplémentaires,
  • l’adaptation de l’électronique de bord aux normes militaires américaines et l’installation de trois points d’attache pour emports de charges extérieures.

Le 5 janvier 1977, William T. Coleman, secrétaire aux transports de l’administration du président Gerald Ford, signe un marché pour la fourniture de 41 Falcon 20 G (204 M$) désigné HU-25 A (serials 2101 à 2141).

Dassault Aviation a réussi à pénétrer le très hermétique marché américain malgré le « Buy American Act ».

Il y eut simultanément deux prototypes, l’un aux Etats-Unis, l’autre en France. Le premier Falcon 20 G (n° 362), premier avion à avoir été équipé de deux réacteurs ATF-3, vole à Mérignac le 28 novembre 1977 piloté par Hervé Leprince-Ringuet. Un Falcon 20 F (n° 371), modifié pour essayer les aménagements et les systèmes demandés par les Coast Guard mais conservant ses réacteurs CF 700, vole, lui, chez Falcon Jet Corporation à Little Rock (Arkansas), le 4 août 1978.

L’avion est certifié par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) le 21 juin 1981. Les livraisons s’étalent ensuite de février 1982 à décembre 1983.


Le modèle de surveillance maritime à moyenne distance, issu de la version Falcon 20 G est baptisé HU-25 A Guardian. Quarante et un avions sont aménagés à Little Rock. Sept exemplaires sont équipés du système « Aireye » conçu pour remplir des missions scientifiques et de protection du milieu marin, en particulier le repérage et la surveillance des nappes de pétrole.

Deux Guardian ont été utilisés avec succès lors de la guerre du Golfe en 1991 à partir de Barhein, notamment pour suivre l’évolution des nappes de pétrole le long des côtes du Koweït et de l’Arabie Saoudite. Leur taux de disponibilité a été le plus élevé de l’ensemble des appareils alliés engagés dans le conflit.

Les HU-25 B et C des Coast Guard, équipés d’instruments spéciaux servent activement à la lutte anti-drogue le long des côtes américaines.

En 1998, dix-sept appareils sont toujours opérationnels basés à Cap Cod (Massassuchets), Miami (Floride), Corpus Christi (Texas) et Mobile (Alabama).

Le Guardian est très apprécié tant pour sa fiabilité que pour son confort.

Falcon Gardian

En juin 1977, la Marine française doit tenir compte de l’augmentation de ses besoins en moyens de surveillance maritime, liée à l’extension progressive jusqu’à 200 miles des côtes de la zone économique française.

Pour assurer ses missions de patrouille et de surveillance maritime en remplacement des Lockheed P-2H Neptune, arrivés en bout de potentiel au sein des escadrilles 9 S et 12 S dans le Pacifique, l’Aéronautique navale a besoin d’un appareil pouvant atteindre des vitesses élevées et, le cas échéant, être capable de changements d’altitude rapides.

Nécessairement bimoteur pour des raisons de sécurité, il doit pouvoir intervenir très rapidement sur un point éloigné, être capable d’assurer la couverture d’une zone maritime étendue en un minimum de temps et avoir des équipements de navigation et de détection performants à la fois fiables et robustes.

Devant opérer sous un climat chaud et humide, l’Aéronautique Navale recherche également un avion qui ne nécessite que peu d’heures de maintenance et dont la mise en œuvre soit légère.


Fort de l’expérience des HU-25 A Guardian, Dassault propose alors à la Marine nationale un biréacteur léger adapté à la mission de surveillance maritime et répondant à ces critères.

Le Gardian est équipé d’un système de navigation et de surveillance comprenant un radar Varan, adapté à la détection de petits objets par mer forte, un système de navigation Crouzet pour la visualisation de la situation tactique et géographique, un calculateur et une table de navigation automatique. Il dispose d’une trappe de largage pour le matériel de sauvetage, de marquage et, éventuellement, pour le parachutage de personnel. Il est doté de deux grandes fenêtres d’observation et de quatre points d’emport sous voilure capables de charges très importantes (senseurs divers, remorquage de cibles et contre-mesures).

Les appareils sont utilisables pour quatre types de missions :

  • Recherche et sauvetage (SAR) ;
  • Respect des lois et traités (ELT) ;
  • Protection de l’environnement maritime (MEP) ;
  • Activités scientifiques et maritimes (MSA).

Un premier Gardian, version navalisée du Falcon 20 H devenu ensuite Falcon 200, effectue son premier vol à Mérignac, le 24 avril 1979, piloté par Henry Suisse et Jean-Marie Barthelemy. Premier appareil de ce type sorti des chaînes de l’usine de Bordeaux-Mérignac, le 18 mars 1981, l’avion n° 48 effectue son vol initial le 15 avril 1981 aux mains de Hervé Leprince-Ringuet, pilote, et de Jean-Marie Barthelemy, ingénieur navigant d’essais. Ce pilote et l’équipage d’essais conduisent ensuite la mise au point du Gardian en collaboration avec le CEV.

Le Falcon Gardian fait l’objet d’un marché de la part du gouvernement français pour le compte de la Marine nationale en date du 13 mai 1981 pour le développement et l’industrialisation de cinq exemplaires en deux tranches, une première de deux avions et une seconde de trois avions. Le n° 48 est remis officiellement à la Marine nationale le même jour.

Durant l’année 1982, l’appareil effectue des démonstrations auprès de clients potentiels au Moyen-Orient, en Inde, en Afrique et en Irlande.

Le 14 avril 1983, le Gardian n° 1 est remis officiellement à l’amiral Leenhardt, chef d’Etat-major de la Marine, par Benno-Claude Vallières.

Une version Gardian 2 a été étudiée comme appareil hautement polyvalent capable d’effectuer cinq autres missions :

  • attaque à l’AM 39 Exocet ;
  • surveillance et contre-mesures électroniques ;
  • désignation d’objectifs au-delà de l’horizon ;
  • attaque avec un armement léger ;
  • remorquage de cibles.