Mercure

Le Mercure, court courrier de 150 places, effectue son premier vol le 28 mai 1971 à Mérignac, avec Jean Coureau, Jérôme Résal et Gérard Joyeuse.

Origines et prototypes

Au milieu des années 60, Marcel Dassault et la Direction générale de l’aviation civile, constatent que de nombreuses lignes mondiales correspondent à de petites distances. Or, il n’existe aucun appareil adapté à ce trafic.

La DGAC propose à Dassault de concurrencer le Boeing 737 par le haut de la gamme, c’est-à-dire avec un appareil comportant 140 sièges.

En 1968, le bureau d’études prépare d’abord une version pour 110-120 passagers, propulsée par deux réacteurs Rolls Royce Spey placés à l’arrière, puis adopte une définition d’avion pour 150 passagers d’un rayon d’action de 1 000 kilomètres.

La voilure du Mercure est développée avec des outils de calcul très modernes pour l’époque : bien que plus gros que le Boeing 737, le Mercure va plus vite.

L’appareil, propulsé par deux réacteurs à double flux Pratt & Whitney JT8 D 15 placés sous les ailes, est baptisé Mercure par Marcel Dassault :  » Voulant donner le nom d’un dieu de la mythologie, je n’en ai trouvé qu’un qui eût des ailes à son casque et des ailerons à ses pieds, d’où le nom de Mercure. « 


Le programme Mercure est officiellement lancé en avril 1969. La fabrication, effectuée sous la maîtrise d’œuvre de Dassault, est répartie entre Fiat (Italie), la CASA (Espagne), l’ADAP (Belgique), la Fabrique fédérale d’avions FW d’Emmen (Suisse) et Canadair (Canada). L’assemblage final est effectué par la société Dassault, à Mérignac pour le prototype et, à Istres, pour les avions de série.
C’est le premier grand programme européen de coopération aéronautique civile.

Le prototype Mercure 01 effectue son premier vol le 28 mai 1971 à Mérignac, avec Jean Coureau, chef pilote, Jérôme Résal, pilote et Gérard Joyeuse, ingénieur d’essais.

Le 2 juin, l’appareil arrive au salon du Bourget pour son 6e vol et après seulement 9h de vol d’essais.


Production et utilisation opérationnelle

Pour permettre la construction en série, la société Dassault crée, à la demande de la DATAR, quatre nouvelles usines : Martignas, Poitiers, Seclin et Istres.

Le 30 janvier 1972, Air Inter commande 10 appareils. Le premier avion de série fait son vol initial le 19 juillet 1973. La certification civile DGAC est obtenue le 12 février 1974.

Le 4 juin 1974 a lieu le premier vol commercial Orly-Toulouse et le vol inaugural Orly-Lyon.

Dassault essaie d’attirer les grandes compagnies aériennes mais aussi les compagnies locales, en le présentant comme le successeur du Douglas DC 9 mais pénètre difficilement le marché américain dominé par Boeing et Douglas. Quelques compagnies se déclarent intéressées mais ne passent pas de commandes.

Le programme est victime de la conjonction de quatre facteurs :

  • le choc pétrolier qui diminue les recettes des compagnies aériennes pour l’achat de nouveaux avions ;
  • les dévaluations du dollar ;
  • une inflation plus importante en Europe qu’aux Etats-Unis qui favorise Boeing et Douglas ;
  • la préférence des compagnies aériennes pour un avion polyvalent court-moyen courrier.

L’avion est également pénalisé par sa motorisation : les moteurs Pratt & Whitney sont relativement anciens, ils sont bruyants et consomment trop.

Pour y remédier, Dassault étudie une nouvelle version du Mercure – le Mercure 200 – dotée des nouveaux réacteurs Snecma/General Electric CFM 56.

Finalement, seuls dix Mercure 100 sont fabriqués. La chaîne de montage est arrêtée le 19 décembre 1975. Le 11 juillet 1983, Air Inter commande la mise au standard du prototype Mercure 02. Il devient le onzième appareil de sa flotte.

Le 29 avril 1995, les deux derniers des onze Mercure en service sur le réseau d’Air Inter effectuent leur dernier vol. A l’heure de leur retraite, leur bilan est éloquent : 360 000 heures de vol, 44 millions de passagers transportés en 440 000 vols, sans accident, avec une régularité de service de 98 %.